lundi 4 décembre 2017

DE VERMIS MYSTERIIS : Interview 1994


DE VERMIS MYSTERIIS était originellement un duo de la région de Bourges, qui pratiquait une musique Electro-Darkwave de fort bonne facture. Suite au départ de l'un des deux protagonistes, Sébastien, Cyril Duneau reprit à lui seul les rênes du projet, lequel changea sensiblement d'orientation et abandonna ses sonorités Darkwave,  pour finalement s'inscrire dans une veine industrielle et expérimentale à tendance bruitiste.



L'entretien ci-dessous constitue la retranscription intégrale d'une interview réalisée en 1994, et publiée dans le N°1 du fanzine REQUIEM GOTHIQUE.


Propos recueillis par Hans Cany

Réponses de Cyril Duneau, pour DVM


Hans :  Bonjour Cyril. Si l'on décrit la musique de DE VERMIS MYSTERIIS comme une sorte de fusion entre la Darkwave, l'Electro-Indus et les réminiscences d'impulsions obscures issues du fin fond des âges, est-on proche de la vérité ?

Cyril : Tant Sébastien que moi sommes éclectiques au niveau de nos goûts, et nous nous soucions en fait fort peu de savoir dans quelle sous-catégories peuvent se classer les musiques que nous écoutons.

Si l'on devait définir trois principaux groupes musicaux, il y aurait pour nous, par ordre décroissant de qualité :

-La bonne musique, qui est bonne.
-La mauvaise musique qui, comme son nom l'indique, s'apprécie déjà moins.
et
-La musique médiocre, qui est encore pire.

Mais même ce classement, bien que déjà trop large pour être efficace, est trop réducteur, puisqu'il n'envisage pas de place pour les musiques dites "pourrites", pour lesquelles nous ne pouvons nous empêcher d'avoir une certaine prédilection. Qu'est-ce que la musique pourrite ? Un bon exemple en seraient des chants tibétains interprétés par un orchestre bavarois lors du cinquantième anniversaire de l'invention du Minitel rose.

Cette petite digression pour préciser que si fusion il y a chez DVM, c'est aussi involontaire que s'il n'y en avait pas. Plus que de fusion, il faudrait à mon sens parler de fission, ou bien de confusion, voire de confission, voir même de confiture. Quant aux réminiscences que tu as cru déceler dans notre musique, cela est vrai, mais se trouve contrebalancé par l'influence certaine qu'exercent sur nous les messages venus du futur.













Le départ se Seb va-t-il modifier l'orientation de tes créations sonores ?

Cela fait déjà un moment que Seb n'est plus membre actif de DVM, je pense donc que les modifications sont déjà sensibles sur "Perinde Ac Cadaver", où se trouvent des morceaux créés sans lui. Ce qui est sûr, c'est que la musique va devenir plus dure, parfois plus déstructurée, car c'est ce qui m'intéresse en ce moment. Je ne tiens pas à être limité par les précédentes productions de DVM, à
devenir prisonnier d'une quelconque image.
Si un jour j'ai envie de faire un morceau à base de moules à gaufres et de vibromasseurs anaux (à anneaux), je le ferai, même si cela n'est pas ce qu'on attend de moi. (Mais je ne le ferai sûrement pas, puisque je viens de le dire... ).




As-tu l'intention à l'avenir de limiter la musique de DE VERMIS MYSTERIIS au synthé, boîte à rythme, et chant, ou comptes-tu élargir la gamme des instruments, voire recruter de nouveaux membres ?

La musique de DE VERMIS MYSTERIIS n'est pas limitée au synthé, à la boîte à rythmes et voix, puisque dès la première cassette, nous avons eu recours sur plusieurs morceaux à l'utilisation de bandes magnétiques, d'enregistrements sonores de sources diverses, et sur "Perinde Ac Cadaver", il y a de la guitare sur certains morceaux. Ces guitares ne sont d'ailleurs pas jouées par moi, mais par Monsieur Chasset, de FATAL TANTRA ,avec qui j'ai fondé BUS HIDO. Nous avons eu le temps de sortir trois cassettes avant que je ne décide de nous séparer, pour divergence d'opinions (il me prenait pour un imbécile, et moi pas). Je ne pense pas qu'il y ait un jour d'autres musiciens dans DVM que Seb et moi, si ce n'est pour des collaborations ponctuelles. Seb reviendra peut-être -qui sait ?- éructer quelques morceaux, mais à l'heure actuelle DVM demeure un projet solo. Cependant, il ne faut préjuger de rien, et seul l'avenir nous dira ce que nous réserve le futur. 




Le nom de "DE VERMIS MYSTERIIS" fait directement référence à l'antique et mystérieux grimoire du même nom, auquel H.P. LOVECRAFT fait fréquemment allusion dans ses oeuvres. Peux-tu nous parler un peu de cette inspiration ?






Je ne sais pas si c'est du ressort de mon esprit dé-rangé (= mal rangé, mal arrangé) de parler du génie créateur qu'était Lovecraft, mais bon.
Jusqu'à 14 ans, âge de ma découverte de Lovecraft, je faisais régulièrement le rêve d'être poursuivi par des hommes de 35, 40 ans, je finissais-toujours en rêve- blotti dans un coin de ma chambre, tout petit par rapport au reste de la pièce, qui me paraissait démesurément agrandie. Une main géante entrait par la fenêtre, tâtonnait un peu partout, me cherchait, et c'était généralement le réveil qui me tirait de ce mauvais pas. Mais dès que Lovecraft m'est tombé entre les pattes, mes cauchemars ont changé radicalement, ce sont devenus des rêves sans images ni poursuites, juste la sensation physique de peur, et rien d'autre. En ce sens, Lovecraft a réussi le tour de force génial de descendre au coeur de l'homme, jusqu'à la frayeur primaire qui est au font de nous tous, sans s'embarrasser des lieux communs du fantastique américain et feuilletonnesque du début du siècle. Plus d'effets spectaculaires, plus de rocambolesque, juste une oppression, lourde et malsaine, une masse effrayante de réalité tapie au- delà de notre perception, la réalité inconnue de l'éveil au-dehors du petit rêve de nos consciences racornies et rachitiques.



De futures compositions de DVM se focaliseront-elles donc sur des figures telles que Yog-Sothoth, Nyarlathotep, Shub-Niggurath, et sur les demeures des Grands Anciens, telles que R'lyeh ou Kadath l'Inconnue ?

Il n'est pas exclu qu'un jour nous dévoilions certains des secrets mineurs qui nous ont été nuitamment communiqués par les entités compétentes, mais cela ne pourrait se faire que de manière déguisée, de manière à ne pas nuire aux multiples et courageuses entreprises qui, de par le monde, préparent le retour de R'lyeh en surface et le réveil du plus grand parmi les Grands Anciens. En attendant cette heure ô combien désirée, DVM se contente de dealer avec le S/M, le sexe grotesque, les monstres, la cruauté, autant de sujets qui sont pour nous des sources de méditation intarissables. Nous ne pouvons nier une fascination certaine pour tout ce qui relève de la pathologie, les serial killers par exemple, et Ted Bundy, Jeffrey Dahmer et d'autres sont parmi les intéressantes personnes qui peuplent nos textes.





Tu animes également une asso répondant au doux nom de "CANNIBALISME=TENDRESSE". Quels en sont les objectifs, et quel bilan fais-tu de ces activités jusqu'à présent ?

"CANNIBALISME =TENDRESSE" est le support du Nouvel Art Berrichonien. Son but premier est de réhabiliter la culture anthropophage berrichonienne qui avait cours au sein des ronds de birettes (=sorcières) du temps jadis. Pour ce faire, nous pratiquons la distribution de cassettes de groupes phantomes, tels par exemple que DVM, cassettes prétextes qui ne sont en fait que des supports pour de nombreux messages subliminaux, incitations au meurtre à crédit, ou phrases du type: "Ne jamais plaisanter avec la viande, ou elle vous le rendrait", "Le sexe c'est sale, en manger c'est bien". Nous avons également réalisé une compilation "Music from Inner Space", avec ATARAXIA, AUTUMN, C33, DAGDA MOR, FACIO RICTUS, GAEA, INTROIT, KARCERAL FLESH, MORDOR et WHITESLUG. "Inner Space", l'espace intérieur, c'est l'inconscient, la peur, la haine du presque-pareil, mais aussi l'estomac, manger le monde, le cannibalisme comme assimilation totale et preuve d'amour suprême. Nous allons bientôt distribuer la cassette du groupe LORE OF ASMODAY, que je trouve personnellement très bien, entre la Dark-Wave et la musique post- industrielle. Pour ce qui est du bilan des activités, je dirais qu'au niveau financier c'est catastrophique. Au niveau distribution trop peu de gens nous connaissent, d'où des ventes relativement aléatoires. Au niveau suivi du courrier, je ne sais plus où donner de la plume. Enfin bref , un bilan qui s'avère très positif et ne peut que m'inciter à continuer. Comme il est dit dans la mythologie slave, "Dieu mange ses enfants vivants", ce qui est très clairement une incitation au dépouillement matériel.





Peux-tu citer quelques noms de groupes faisant partie de tes goûts musicaux et/ou de tes influences ?


Le jeune groupe berrichonien DE VERMIS MYSTERIIS correspondrait assez à mes goûts musicaux, même si ces p'tiots ont encore du pain sur la planche à pain avant que d'arriver à sandwicher un produit réellement mature. Mais peut-être mon avis n'est-il pas entièrement objectif ? (Car je me connais personnellement.)
J'apprécie particulièrement, et entre autres, beaucoup : SKINNY PUPPY, COIL, LAIBACH, DEATH IN JUNE, SIGILLUM S, DEUTSCH NEPAL, NURSE WITH WOUND, SARBAND, SCHLOSS TEGAL, SLEEP CHAMBER, SIXTH COMM, CONTROLLED BLEEDING, NUMB, VOMITO NEGRO, SUICIDE COMMANDO, THE GRIEF, DIE FORM, WUMPSCUT, STERIL, KILLING JOKE, HAUJOBB, CUBANATE..., et je ne terminerai pas cette liste sans citer mes confrères et néanmoins amis de BRAIN LEISURE et A THOUSAND SOCIETIES (alias Johan & Pirlouit).











L'un des morceaux de ta cassette "Perinde Ac Cadaver" s'intitule "Salvador Dali, sin valor adalid". Qu'est-ce que cela signifie, et quelles inspirations le surréalisme suscite-t-il chez toi ?

Cette expression est un jeu de mots relativement intraduisible signifiant à peu près "Salvador Dali, chef sans valeur". Effectivement, le surréalisme me biblifie les méninges à l'eau écarlate, ce qui en gros n'est pas si grave, puisque j'y suis sans peine depuis le temps d'un mur grimpé par tous. Qui est la petite lueur dans le noir des bois ? Quel vagin éclaté suspendu à un arbre ? Un trou certes, mais pourquoi ? Car qui baise et se retient boit le lait du cycliste, on sait ceux-là pour être les pires et cochons comme
pas deux. Oui, la petite lumière, le mastic qui nous joint tous comme par la charnière du sexe, on en mangerait, venez donc chez moi qu'on s'enfile un brin chez les fourmis rouges. Don Quishoote n'est certes pas une relation d'affaires, mais s'agrafe à tous les départs, tel le dit la gare de merchandising, pills et champagne font de bons amis pour qui s'en soucie guère, carte à jouer boit mon thé, j'en suis heureux, petite araignée de mer !!! 





Où en est DVM au niveau concerts ?

Après une période éprouvante vécue au rythme trépidant d'une moyenne d'un concert par an, je pense pour l'instant me reposer un peu. De plus, étant désormais seul, le live n'est pas chose des plus aisées. Mais un retour sur scène n'est pas inenvisageable. Pour ce faire, j'attends d'avoir les finances pour réaliser une vidéo, ainsi que les possibilités techniques de jouer mes morceaux sans avoir à passer par la greffe d'un troisième bras.
Je me rappelle un concert où une jeune fille traumatisée est partie en pleurant vomir dans les toilettes (mais nous étions jeunes, nous étions fous), et ce souvenir souvent le soir me laisse si rêveur et nostalgique que seule la frénésie d'une masturbation intensive peut me tirer de l'état catatonique dans lequel l'évocation de cette image me plonge. Ah, jeunesse folle et insouciante, où donc es-tu-t'y ben passée ???



 


Que penses-tu de groupes tels ROSA CRUX et les TETINES NOIRES, avec lesquels DVM a joué au festival "EMO SON" à Bourges ?


Nous avons effectivement joué avec les TETINES NOIRES lors du festival "EMO SON". J'aime bien leur démarche scénique, même si la musique m'apparaît trop rock et déjà entendue. J'adore par contre ce que font ROSA+CRUX, leurs morceaux sont fabuleux, leurs concerts idem, même s'ils ne portent pas de chapeaux ronds on établit tout de suite la liaison Bretagne- Népal. Ces gens sont d'excellents musiciens et mériteraient de fonder une SARL, voire une boîte d'import-export ou un commerce de dessous féminins, quelque chose de grandiose qui soit à leur échelle.





Quels sont tes projets actuels, et as-tu quelque chose à ajouter pour clore cet entretien ?


Je travaille actuellement sur une série de textes accompagnés de photographies de Sophie Mourrat, et intitulés de "Schéma 1" à "Schéma 26", qui seront comme autant de petites scènes bien particulières (heh, heh!!). "Schéma 1" doit normalement paraître dans "Offrandes", magazine de l'actualité culturelle S/M. Autrement, une split-cassette est peut-être à envisager avec le groupe GAEA, split- cassette qui, si elle voit le jour, montrera DVM sous un aspect relativement nouveau.
Et puis, bien entendu, je distribue toujours les produits"Cannibalisme=Tendresse", que ce soient la compilation, les cassettes de DE VERMIS MYSTERIIS, ou celles du défunt BUS HIDO. Mon mot de la fin sera: "Ecrivez-moi, aimez-moi, adorez-moi, vénérez-moi... Mais faîtes quelque chose !!!"





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Discographie

"Eyes in the intestines" K7 DEMO 1993
"Perinde Ac Cadaver" K7 DEMO 1994
"Geste de Vergobret / Mental War Machine" K7 DEMO 1995
"Triomphe de la Volonté" K7 DEMO 1995
"Remugles et Pestilence" K7 DEMO 1995
"The Philosohy of Hatred" CD 1997

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"Klik-Nik Orgasmus Alchemy" K7 DEMO (Date inconnue)
"Kobbole de la Nuit" K7 DEMO (Date inconnue)








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