Deux décennies après une précédente interview de GORGON publiée dans le fanzine WARDANCE, il était temps de revenir prendre des nouvelles fraîches de ce vétéran renommé de la scène Black Metal hexagonale. Et ce d'autant plus qu'il reprend aujourd'hui du service au terme d'une longue période de silence, avec à la clé un nouvel album d'une efficacité redoutable...
Entretien avec Chris
Propos recueillis par Hans Cany
le 30 mars 2019,
en exclusivité pour REQUIEM.
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Propos recueillis par Hans Cany
le 30 mars 2019,
en exclusivité pour REQUIEM.
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Hans : Salut Chris. Cela va faire exactement 20 ans que je t'ai interviewé, pour la version papier de mon fanzine WARDANCE (N°6).
C'est aujourd'hui pour le webzine REQUIEM, que je suis amené à te poser
quelques questions. En premier lieu, qu'es-tu donc devenu depuis notre
dernier entretien ? As-tu mis en sommeil toutes tes activités musicales,
ou bien t'es-tu consacré dans l'intervalle à d'autres projets ?
Chris : Bonjour
Hans. Suite à un nouveau changement de batteur en 2001, et de local de
répétition par la même occasion, on a fait quelques concerts avec lui. Et
puis on s’est arrêtés début 2002, car niveau relations, cela n’allait pas.
Par lassitude de devoir encore chercher un nouveau membre et de
recommencer à zéro, le groupe a été mis en stand-by et ce, sans
concertation, cela s’est fait naturellement. J’ai déménagé ensuite dans
l’Ouest pendant quelques années, où tout en continuant à suivre
l’activité musicale, à aller aux concerts, j’ai pris part à quelques
projets, mais rien dans le Metal extrême. J’ai aussi supervisé notre
split avec O.T.A.L. , qui a mis du temps à sortir, une compilation CD
sortie sur un label mexicain, un retirage également en Angleterre, et
puis je suis revenu dans le Sud.
H : Qu'est-ce qui t'a décidé à relancer GORGON, après toutes ces années ?
C : Depuis quelque temps j’y pensais quand je voyais des groupes sur scène qui me navraient, en repensant à ce qu’on proposait des années auparavant. Il n’y avait pas de haine, pas d’énergie, c’étaient des musiciens qui jouaient , c’est tout. Le déclic majeur est venu entre autres des projets de rééditions en 2017, dont notre demo en format vinyle, et qui ont suscité un certain intérêt.
H : Il me semble que tu es le seul
membre originel du groupe, qui du reste a toujours été en fait ta
créature... Aucun des anciens membres n'était donc partant pour
reprendre du service à tes côtés ?
C : J’ai rencontré le batteur des trois premiers albums lors d’un concert d’ABSU à Nice en juillet 2017, et bien que le projet de remonter le groupe commençait à germer dans ma tête, je ne lui ai rien dit. Il était décidé à se remettre à la batterie début 2018. Aussi, dès le lendemain, je lui ai envoyé un message pour garder le contact, et à ce jour je n’ai jamais obtenu de réponse. Le batteur du quatrième album ne joue plus de batterie, et s’est mis à la guitare dans un formation Heavy. Le bassiste des deux premiers albums vit maintenant en Loire-Atlantique, et celui des deux suivants n’était pas partant. Enfin, le second guitariste est maintenant pleinement ancré dans le milieu sportif, et pour la claviériste, je suis sans nouvelles. Au final, j’ai donc opté pour un batteur de session, et le désir de m’occuper de tout le reste.
H : Qu'en est-il donc de la nouvelle mouture de GORGON ? Le line up
est-il stable, ou bien est-il appelé à changer, au gré des concerts et
des enregistrements ?
C : A l’heure actuelle, je suis le seul membre
permanent, mais depuis peu une configuration live s’est mise en place
avec un batteur et un bassiste. Un second guitariste ne serait pas de
trop, mais pas encore trouvé pour l’instant. Aucun claviériste n’est
prévu sur scène. Aussi a-t-il fallu s’adapter au niveau des titres
sélectionnés pour les répétitions. Cela va encore prendre quelques mois,
pas de précipitation, mais cela commence à prendre forme. Niveau
enregistrements, on verra en temps voulu, mais avoir des préposés à la
basse et à la batterie va grandement faciliter les choses pour faire
murir les futures compositions.
H : Ce grand retour de GORGON passe d'autant moins inaperçu que le nouvel
album est récemment sorti sur un label français qui jouit depuis
longtemps d'un certain prestige, doublé d'une renommée certaine, en
l'occurrence Osmose Productions. Comment le "deal" s'est-il fait ?
Est-ce toi qui es allé vers ce label, ou sont-ce eux qui t'ont
spontanément proposé cette collaboration ?
C : Lorsque je me suis
décidé à faire un nouvel enregistrement, je voyais davantage un mini CD cinq titres qu’un album, car je n’étais pas certain de pouvoir pondre
suffisamment de titres intéressants pour le remplir. Quelques labels se
sont manifestés, et j’ai contacté Osmose, car j’avais diverses questions.
Le boss m’a gentiment répondu, et m’a demandé à l’occasion de lui faire
écouter ce que je comptais mettre en boite. Il a reçu des versions bien
brutes de certains titres, mais a accroché et m’a fait une proposition
qui m’a convenu, pour un album à sortir sous différents formats.
Ils nous soutiennent depuis notre première demo en 1992, aussi nous
connaissaient-ils bien musicalement.
H : "The Veil of Darkness" se caractérise par une alliance très
équilibrée de puissance et de noirceur, et d'après ce que j'en ai
entendu, il s'agit probablement du plus abouti de tous les disques de
GORGON. Peux-tu nous en dire quelques mots, pour le présenter ?
C : Comme tous les albums du groupe, il comporte onze pistes et débute par une intro réalisée par Hreidmarr (ex-ANOREXIA NERVOSA, actuel GLACIATION) et Jon (BMH), suivie uniquement de nouveaux morceaux. Aucune reprise , donc. A mes yeux, c’est notre album le plus brutal musicalement, et le plus puissant, dû principalement au son général. Le plus abouti, je ne sais, mais il est tel que je le voulais, à la fois agressif, massif, bien black.
Il attaque, et ce sans être bourrin pour autant.
H : Comment as-tu procédé, pour l'enregistrement du disque ? Est-il vrai
que tu as presque tout joué toi-même avant de mixer le tout, comme pour
un one-man band ?
C : Quand la décision de relancer la machine a été
prise, j’ai commencé par contacter un studio d’enregistrement avec qui
j’avais envie de travailler, l' Artmusic Studio à Nice. Son propriétaire
Sébastien Camhi m’a donné la date du 1er juin 2018 comme possibilité
d’entrée, et comme on était en décembre 2017, la base des cinq titres à
écrire me semblant jouable, je l’ai réservé. Par la suite, les labels
sont apparus. L’idée du mini CD a disparu au profit de l’album, la
signature avec Osmose finalisant cet état de fait. Hreidmarr contacté à
la même période s’occupant de l’intro, et ce avec Jon, j’avais donc dix titres à
faire naitre en l’espace de quelques mois, de manière à laisser du temps
au batteur de session que l’on m’avait conseillé pour qu’il travaille
ses parties. Ce dernier a tout enregistré début juin en une seule
journée, sur des guitares témoins que j’avais mises sur bande peu avant.
J’ai donc effectivement fait toutes les guitares et basse plus les voix
des dix fameux titres. Le mixage a ensuite été réalisé par le gérant du
studio, et le mastering réalisé en Allemagne.
H : Je crois que tu as convié L'Italienne Cadaveria (ex-OPERA IX) à
participer à cet enregistrement ... Sur quel(s) morceau(x) sa touche
apparait-elle ?
C : Lors de la composition d’un morceau début 2018 ,
j’ "entendais" sa voix. Aussi, grâce à la facilité d’internet ,
je l’ai contactée pour savoir si elle serait partante pour apparaitre
dessus comme guest. Je la connais depuis 1994, même si on n'était plus en
contact régulier. Elle a accepté, et on a choisi le principe qu’elle
viendrait à Nice faire ses prises, plutôt que d’aller seule dans un
studio à Milan. Elle est donc venue sur place, avait travaillé ses
parties, a fait plusieurs prises, et son apport sur le titre « Posthumous
bewitchment » est vraiment quelque chose dont je suis fier. C’est la
seule apparition musicale qu’elle a fait en 2018, son groupe ayant
décidé de faire un stand-by, sans concert ni enregistrement. Sa
notoriété est largement supérieure dans son pays par rapport à
la France, et c’est une grande professionnelle qui s’est vraiment mise
au service du morceau. Je vais t’apprendre une anecdote que je n’ai
jamais révélé à ce jour, à savoir que sa première prise ne m’a pas
convenu, car ce n’était pas ce que j’entendais dans ma tête. Vu le
travail qu’elle avait fait à distance sur le morceau envoyé en version
répétition et avec le texte, je ne savais pas comment elle avait choisi
de poser sa voix. Son placement, sans être mauvais, ne correspondait pas à
mon idée initiale, mais selon elle « C’est comme ca que j’aurais chanté
dans Cadaveria ». Néanmoins, elle était partante pour faire selon mon
désir, et au final on a trouvé ce compromis : au premier couplet elle
plaçait sa voix comme je l’entendais, au second couplet comme elle
l’aurait fait dans son groupe, permettant ainsi d’avoir sa personnalité
sur le titre, ce qui est aussi le but recherché. Au final cette alliance
entre ces deux visions est une très bonne chose.
H : Plusieurs rééditions d'anciens enregistrements ont déjà été réalisées ou sont appelées à voir le jour très prochainement, si je ne m'abuse. Et certains ont fait -ou vont faire- pour la première fois l'objet de sorties sur support vinyl. Est-il possible d'en savoir plus à ce sujet ?
C : Fin mai ressort, de nouveau sur Osmose Productions, et ce en
version remasterisée au WSL Studio (In The Woods, Ad Hominem,..) trois
anciens enregistrements dont « The Lady Rides A Black Horse » (notre
premier album) en CD, vinyle noir et vinyle blanc. Notre second album,
le plus dur à trouver, « Reign Of Obscenity », ressort lui en CD, vinyle
noir et vinyle rouge. Enfin, ayant déjà fait l’objet d’une réédition en
version vinyle en 2018 par Triumph Ov Death et Anal Spleen Records,
notre unique demo « Call From Unknown Depths » ne ressortira qu’en
version CD. Tous ces formats connaissent également un nouvel artwork,
mais dans l’esprit de l’original de l’époque. Il y aura aussi bien sûr
la version digitale pour ceux qui ne veulent que le son.
H : D'après ce que j'ai pu lire ça et là, GORGON, qui est
indéniablement, au moins, l'un des premiers groupes hexagonaux du genre,
aurait en fait même été LE tout premier groupe français de Black Metal.
Confirmes-tu cette assertion, et revendiques-tu donc cet honneur ?
C : Effectivement
je confirme, et sauf erreur, MÜTIILATION nous a suivi peu après; et je
pense que MALEFICUM ORGIA, de Marseille, doit être le suivant, ou tout
au moins dans le peloton de tête.
H : GORGON n'apparait
curieusement pas dans le documentaire vidéo "Bleu-Blanc-Satan", consacré
à la genèse du Black Metal en France. Cette absence découle-t-elle d'un
refus de ta part d'y figurer, ou bien n'est-elle due qu'à des
circonstances défavorables ? Si un second épisode de ce reportage était
tourné, accepterais-tu d'y participer, cette fois ?
C : La raison est
simple, et vient du fait que l’on n'a pas été contactés. J’ai lu que le but
des réalisateurs n’était pas de faire la genèse du Black Metal en
France, mais de parler des groupes qu’ils appréciaient au début du
mouvement. Ce n’est pas la même chose, et beaucoup de personnes font cette
erreur. Il n’est pas question, par exemple, de l’importance de la scène
toulonnaise avec BLESSED IN SIN ou FUNERAL. Si un second chapitre était
sur les rails, il faudrait voir ce que les gars désirent apporter de
plus, car j’aime bien leur reportage initial, il y a de bons propos dont
je partage bien souvent la vision, même si selon moi l’ensemble est
vraiment réservé à ceux qui ont connu cette période. Aussi, sans répondre
par l’affirmative, il faudrait d’abord se pencher sur l’intérêt de la
chose.
GORGON en 1995 ou 1996
H : Que penses-tu de la scène Black Metal actuelle, que ce soit en France ou dans le reste du monde ? Y a-t-il certains noms qui ont particulièrement retenu ton attention ces derniers temps, et que tu pourais recommander à nos lecteurs ?
C : La scène
française, ou même mondiale, est vraiment trop surpeuplée, ce n’est pas
nouveau et cela engendre trop de formations qui se copient entre elles
musicalement. Il y a des coins qui sont restés relativement puristes
comme en Asie ou en Amérique du Sud, avec clous et chaines comme image,
dans l‘esprit du 1er SARCOFAGO. Ca ne me dérange pas, je préfère ca à ce
que je vois parfois ici et là et qui prétend faire du Black. J’ai
découvert ainsi SIGNS OF THE EVIL il y a peu, et qui viennent
du Pérou. J’essaie régulièrement d’écouter les artistes que je ne
connais pas, ou les nouveaux albums de noms plus anciens, mais je suis
vraiment très difficile comme auditeur. Aussi, en vrac, comme groupes
actuels que j’apprécie, je citerais les Finlandais de CURSE UPON A PRAYER
et SACRIFICIUM CARMEN qui se démarquent de la masse à mes oreilles.
J’écoute aussi les productions de groupes avec lesquels je suis en
contact ou que l’on m’a conseillés, comme les Français de TOTALE ANGOISSE,
COUNCIL DAIMONION ou GOTHOLOCAUST.
H : Certains considèrent qu’en 2019, le Black Metal n’est plus que l’ombre de ce qu’il était dans les années 90, que son esprit réel est pour ainsi dire mort, notamment à cause de sa banalisation via internet. Ce phénomène de « démocratisation » aurait fini par n’en faire qu’un simple style musical parmi d’autres, totalement vidé de son contenu et dépouillé de son âme originelle… Quel est ton point de vue sur la question ?
H : Certains considèrent qu’en 2019, le Black Metal n’est plus que l’ombre de ce qu’il était dans les années 90, que son esprit réel est pour ainsi dire mort, notamment à cause de sa banalisation via internet. Ce phénomène de « démocratisation » aurait fini par n’en faire qu’un simple style musical parmi d’autres, totalement vidé de son contenu et dépouillé de son âme originelle… Quel est ton point de vue sur la question ?
C : Il
y a du vrai là-dedans, l’esprit est ce qui manque le plus. Pour
beaucoup de groupes, même, jouer du Black c’est comme jouer du Heavy ou
autre, c’est un style, sans plus. Il n’y pas d’âme dedans, leur groupe
est à prendre au second degré. A partir du moment où les mags ont
offert le style à la masse du public, ca a été le début du déclin. Je me
souviens de la fin de la chronique de « Blood, fire, death » de BATHORY
dans un numéro de Hard-Force, qui concluait en gros par « Allez encore un
petit effort et le prochain sera peut-être écoutable ». Et quand la
mode est arrivée, tout d’un coup BATHORY est devenu un groupe a respecter,
revirement total, même si il est vrai que seul le chroniqueur est
responsable de ses propos. Ensuite, est-ce qu’Internet est tant responsable
que ca ? Je ne sais pas. Sans cet outil qu’est Internet, je n’aurais
jamais à titre personnel découvert autant de formations, ni suivi leur
évolution, ni fait une présélection avant mes achats, ni connu tous ces
petits labels et distributeurs qui se bougent et sortent des artistes
qui n’auront jamais la faveur du grand public, car trop underground. Dans
les années 90, on avait les zines papier avec des interviews et des
chroniques de groupes que souvent on ne connaissait pas, mais on ne
pouvait pas forcément les écouter pour juger, et ce même si leurs
visuels ou leurs déclarations nous tentaient bien. Maintenant on peut le
faire la plupart du temps, alors qu’avant il aurait fallu un sacré budget
pour y arriver. On peut plus facilement soutenir des groupes quasiment
inconnus en achetant leur production en tirage limité, avoir accès à
leur t-shirt ou patch, alors qu’avant il y avait des scènes qu’on connaissait
très peu. Les scènes scandinaves, celle de Grèce, d’Allemagne
dominaient, au détriment d’autres contrées plus lointaines et plus
risquées pour les paiements à envoyer à distance. Il ne faut pas non plus se
tromper, le public qui écoutait du Black seulement à travers
les groupes populaires comme IMMORTAL ou DARK FUNERAL n’est pas celui
qui était plongé dans les zines, et donc sur Internet il continuera de ne
s’intéresser qu’aux groupes populaires. Il ne fera pas de recherche pour
découvrir ce qu’on ne lui met pas sous les yeux. Les amateurs de zines,
eux, rechercheront et soutiendront grâce à Internet des distributeurs et
formations bien plus obscurs, et ce dans les deux sens du terme. Je dis ça
sans dénigrer le travail d’IMMORTAL ou DARK FUNERAL, c’est juste ce que
j’ai constaté. A titre d’exemple, demain tu organises un festival de
black avec des « pointures », il y aura du monde. Tu fais un autre
festival avec des groupes moins connus, qui n’ont jamais joué sur notre
continent, que personne n’a donc pu voir avant et s’en lasser, il y aura
dix fois moins de monde. Alors qu’officiellement, c’est destiné au même
public, car c’est le même style de musique qui sera au programme. C’est
le tri sélectif entre les amateurs de Black et les autres.
H : Par ailleurs de nouveaux sous-courants sont apparus et se sont
développés ces dernières années. Notamment le DSBM ("Depressive and
Suicidal Black Metal"), ou encore le Post-Black Metal, qui incorpore des
éléments post-Rock, post-Hardcore voire progressifs au BM, et dans
lequel semblent plus ou moins se spécialiser certains labels, comme par
exemple Les Acteurs De L'Ombre. Est-ce que ce que fait cette nouvelle
génération de groupes et de one-man bands t'intéresse, ou pas ? Est-ce
que tu considères cela comme une évolution créatrice susceptible
d'ouvrir de nouveaux horizons au style, ou au contraire comme une sorte
de dégénérescence ?
C : Pour moi le Post-Black metal ce n’est pas du Black Metal, le terme est usurpé. C’est autre chose, je ne sais quoi. Le DSBM, je n’ai pas encore découvert de groupes qui m’accrochent, mais c’est une vision qui ne me dérange pas, c’est une autre façon de jouer du Black, généralement plus lente, ca passe. De manière générale, je suis plutôt réfractaire à ces mélanges hybrides qui ne peuvent que créer une musique bâtarde. Néanmoins, si demain je découvre un groupe de cette mouvance qui m’interpelle, je le soutiendrai sans problème pour ce qu’il propose. Et pour finir, si des labels se spécialisent dedans, en soi c’est normal puisque des groupes évoluent dans ce créneau qu’ils affectionnent. Aussi je ne rejette pas en masse leurs signatures, j’ai déjà trouvé des trucs corrects chez Les Acteurs De L'Ombre, par exemple.
H : Il me semble que tu es en fait d'origine bretonne, et je me suis
toujours demandé ce qui t'avait incité à partir t'établir à Nice, si
loin de la Bretagne...
C : En fait j’habite à côté de Nice où je suis arrivé tout jeune, et effectivement je prends plaisir à retourner en Bretagne quand j’en ai l’occasion. J’ai habité par exemple Guérande, de début 2006 au printemps 2011, avant de revenir ici dans le Sud.
H : L'univers
mental lié à la culture bretonne est très riche en légendes, et
franchement porté sur le merveilleux voire le fantastique, dans toutes
ses dimensions mystérieuses et ses déclinaisons ténébreuses. La Mort,
le Diable et autres forces maléfiques y marquent d'ailleurs de leur
empreinte inquiétante nombre de croyances et récits... Cela a-t-il
selon toi joué un rôle au départ, dans ton attirance pour le côté obscur
du Metal ? Et ce folklore légendaire parfois très sombre t'a-t-il
quelquefois inspiré, pour l'écriture de paroles ou pour la thématique de
tel ou tel morceau ?
C : Non la Bretagne n’est pour rien dans mon l’attirance pour l’occultisme, car même si j’y suis né, y ai vécu et y passe du temps chaque année depuis les années 70, j’ai découvert « La Bretagne » plus tard, vers la fin des années 90. TRI YANN a écrit un titre qui résume bien mon parcours, et qui dit en final « A chacun l’âge venu, la découverte ou l’ignorance ». Dans notre troisième album, un morceau parle d’un personnage légendaire breton, l’Ankou, et dans le quatrième, on trouve deux titres sur la Bretagne, qui comportent en plus des passages à la cornemuse. L’apparition de cet instrument est dû à un musicien que j’avais trouvé par relations dans le Var à 1h30 d’ici. Le jour de l’enregistrement il devait venir en train, mais il y a eu la grève à la SNCF. Aussi, en catastrophe, je suis allé le chercher en voiture. Sur le chemin du retour direction le studio, on a crevé à Toulon. Tant bien que mal, on arrive au studio qui était à Cannes, chez un particulier en sous-sol d’appartement. Le gars se met à régler son instrument, un son phénoménal s’en dégage, et en deux prises pour chaque titre, il règle notre affaire. Ses parties apportent réellement un plus aux morceaux en question, et ce, malgré le court laps de temps de présence sur le disque et malgré les embûches. Au final, cela reste un bon souvenir.
H : Au fait, quels ont été les tout premiers groupes qui t'ont fait
découvrir le Black Metal, et qui t'ont fait adhérer à ce style ? Quel
est le "plus" que tu y as trouvé et qu'il n'y avait pas dans les autres
genres de Metal extrême existant auparavant, comme le Thrash et le Death
?
C : Au vu de la période c’est par VENOM que tout a commencé, puis j’ai cherché à découvrir des formations qui évoluaient dans le même créneau en me basant ce que je lisais, et parfois sur les visuels des pochettes de disques. BATHORY, BULLDOZER, CELTIC FROST, HELLHAMMER, SARCOFAGO, sont ceux qui ont suivi, puis SAMAËL, TIAMAT, voire même DEATH SS, qui finalement était du Heavy Metal, mais dont j’appréciais les débuts. J’aimais le côté puissant dans le Black, simpliste, direct et puis l’aspect occulte, satanique est venu peu après. Le Thrash pour moi était trop carré, c’était à un autre niveau technique que je ne recherchais pas. A titre d’exemple, j’ai vu SAMAËL ouvrir pour AGRESSOR en juin 1988, et ce qui s’en dégageait, l’atmosphère, c’était vraiment différent. Le Thrash était aussi plus populaire, et j’ai toujours aimé ce qui était moins connu, ce qui fédérait moins. J’aimais bien le SODOM des débuts, puis c’est devenu trop propre par la suite. Le Death avait aussi un côté bestial, sauvage, mais cette violence musicale était maitrisée selon moi, car une fois de plus le niveau technique était supérieur au Black, et sans forcément être démonstratif, cela me gênait.
H : Pour en revenir à "The Veil of Darkness", force est de constater qu'il est apparemment fort bien accueilli par le public, et qu'il fait l'objet un peu partout de chroniques très favorables. Je suppose que cela te motive pour multiplier les concerts...
C : Oui il a reçu et
continue d’avoir un bon accueil, ce qui est toujours plaisant au vu du
silence dont le groupe a fait preuve, et valorisant au vu du temps
consacré à son élaboration. Ce retour a fait plaisir à pas mal de monde,
mais pour la case concert il va encore falloir attendre encore quelques
mois, tant que je ne nous estimerais pas prêts de montrer sur scène ce
que l’on vaut vraiment.
H : Je présume que l'on peut aussi s'attendre à une suite discographique. Y songes-tu déjà ? Osmose
va't-il avoir l'exclusivité de toutes les prochaines sorties et
repressages de GORGON, ou bien envisages-tu de travailler
occasionellement aussi avec d'autres structures ?
C : A l’heure
actuelle ma collaboration avec Osmose se limite au dernier album et au
retirage des deux premiers, ainsi que de la demo en format CD. Je ne sais si
par la suite notre troisième et quatrième albums seront de nouveau pressés chez eux. On a
de bonnes relations, claires, on avance ensemble et je suis bien
heureux de leur travail et soutien. Aussi, l’avenir nous le dira. En soit,
ce n’est pas une priorité, je préfère me concentrer sur la suite dont
tu parles. En effet, le mixage de « The Veil of Darkness » étant fini depuis
juillet 2018, je me suis depuis remis à l’écriture, et j’ai débuté tant
musicalement que textuellement plusieurs titres dont je suis bien fier.
Et si je remets le couvert chez Osmose avec un nouvel album en 2020,
c’est un avenir qui me convient parfaitement.
H : Eh bien merci à toi de m'avoir accordé cet entretien. Comme le veut l'usage, je te laisse le mot de la fin. Si tu as quelque chose à ajouter, des gens à saluer ou à remercier... n'hésite pas. Tu as carte blanche. Ou plutôt... noire.
H : Eh bien merci à toi de m'avoir accordé cet entretien. Comme le veut l'usage, je te laisse le mot de la fin. Si tu as quelque chose à ajouter, des gens à saluer ou à remercier... n'hésite pas. Tu as carte blanche. Ou plutôt... noire.
C : Par élégance, je vais déjà commencer par te
remercier pour le soutien de nouveau apporté au groupe, et le temps que
tu y as consacré. A noter aussi que d’anciens gars des années 90, qui
avaient un zine tout comme toi, m’ont également recontacté depuis
quelques mois, fidélité qui est à signaler. Et suite au tour d’horizon
varié que tes questions ont abordé, je pense que cette interview peut
désormais se conclure sereinement. Il ne reste plus qu’a attendre les
réactions suite aux rééditions à venir.
E-Mail
gorgonchris@yahoo.fr
*******************************
*******************************
Tracklist
01. Son of Perdition 00:00
02. Still Six Six Six 01:06
03. This is War 04:14
04. The Veil of Darkness 07:17
05. Border of the Forest 11:37
06. Path of Doom 15:56
07. The Roots of My Fantasies 20:10
08. Burned for Him 24:37
09. Depraved Conception 28:34
10. Posthumous Bewitchment 33:14
11. Our Crusade 36:50
gorgonchris@yahoo.fr
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Tracklist
01. Son of Perdition 00:00
02. Still Six Six Six 01:06
03. This is War 04:14
04. The Veil of Darkness 07:17
05. Border of the Forest 11:37
06. Path of Doom 15:56
07. The Roots of My Fantasies 20:10
08. Burned for Him 24:37
09. Depraved Conception 28:34
10. Posthumous Bewitchment 33:14
11. Our Crusade 36:50
CD, LP, Tape & Shirt available here :
www.osmoseproductions.com
www.osmoseproductions.com
Digital Album available here :
https://osmoseproductions.bandcamp.com/album/the-veil-of-darkness
https://osmoseproductions.bandcamp.com/album/the-veil-of-darkness
Neil gorgon
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