MOLOCH CONSPIRACY
The Cave of Metaphysical Darkness and Lights
CD Digipack
Eighth Tower Records
2018
Hans Cany
The Cave of Metaphysical Darkness and Lights
CD Digipack
Eighth Tower Records
2018
Faisant suite à un premier opus numérique intitulé "The Burned Temple" et sorti en octobre 2017, "The Cave of Metaphysical Darkness and Lights", s'il est donc le second album du projet Dark Ambient français, est toutefois le premier qui fasse l'objet d'une réalisation sur support physique, en l'occurrence un CD au format digipack. L'évènement mérite d'être salué, puisqu'en réalisant ainsi son
premier disque concret, le label italien Eighth Tower Records offre à MOLOCH CONSPIRACY l'opportunité de sortir du stade larvaire dans lequel le tout numérique le confinait jusqu'alors. On est donc ici passé relativement vite à la vitesse supérieure, ce qui n'est du reste pas si surprenant, compte tenu du caractère plutôt prometteur des enregistrements précédents.
Dans la continuité directe de ces derniers, le concept de l'ensemble de la création repose sur les arcanes mystiques du Moyen-Orient ancien, plus spécifiquement de la Mésopotamie, et aux aspects les plus sombres des cultes étranges rendus à de terribles divinités des profondeurs issues de la mythologie sumérienne, akkadienne puis assyro-babylonienne. Et si quelques-unes de ces divinités, surtout liées à l'ombre, à la nuit, à la mort et au chaos primordial, furent ensuite plus ou moins recyclées à travers le prisme déformant de la démonologie biblique, ce ne fut sans doute pas uniquement dans le but de dénigrer et de diaboliser l'antique religion, mais peut-être aussi parce que certaines de leurs caractéristiques et de leurs attributions étaient bel et bien de nature à susciter l'effroi...
Ainsi que le suggère son titre, c'est donc à un ténébreux périple initiatique au plus profond des entrailles de la Terre que nous convie cette nouvelle expérimentation sonore, dont les sept longues plages instrumentales de noirceur éthérée constituent autant d'étapes jalonnant la descente au coeur des abysses infernaux. Aussi, la première nous conduit-elle de prime abord à l'entrée de la caverne, trou béant où vient mourir la lumière extérieure, et où la résonance des pas du visiteur contre les parois suintantes, s'ajoutant au bruit de gouttes d'eau chutant sporadiquement de la voute de roche brute sur fond de bourdonnement diffus et d'inquiétants choeurs monocordes aux modulations fluctuantes, nous plonge instantanément dans l'ambiance angoissante et quasi-sépulcrale de ce monde souterrain. Celui-ci s'oppose de manière brutale et sans transition à celui de la surface, du jour et de la vie. Car c'est ici que commence l'empire de la mort, des forces de l'obscurité et du mystérieux inconnu, cet empire au coeur duquel seuls de rares initiés, de fort téméraires aventuriers ou des fous peuvent oser s'aventurer.
A mesure que se poursuit la descente, l'appréhension se mue en anxiété, l'anxiété en angoisse et l'angoisse en terreur fantasmatique, la tension claustrophobique se faisant de plus en plus oppressante en apercevant subrepticement les formes étranges et menaçantes des pierres se profilant ça et là, émergeant fugitivement de la pénombre ambiante à la lueur vacillante des torches. Tout, dans cet univers minéral plongé dans une nuit éternelle, retransmet les lancinantes vibrations émises par d'immenses et mystérieuses forces telluriques cachées en son sein. C'est alors, en atteignant une nappe d'eau sur fond permanent de sonorités distordues agrémentées ça et là de quelques singulières notes d'instruments à cordes, que se produit la rencontre d'une créature monstrueusement contrefaite : Kulullû, l'homme-poisson, l'un des onze monstres créés par la déesse primordiale Tiamat dans le cadre d'un combat cosmique entre anciens et "nouveaux" dieux.
Mais celui-ci n"est que le gardien d'un domaine beaucoup plus vaste, puisque la nappe d'eau en question s'avère n'être autre que l'orée d' d'Apsû (ou Absû), le vaste océan intérieur d'essence divine qui hante les récits mythologiques suméro-babyloniens. La traversée d'Apsû (en marchant le long de ses rives ou à bord d'une embarcation ?) se fait dans les limbes d'une atmosphère irréelle, cotonneuse et onirique, bercée par la mélopée vaporeuse et lancinante de singuliers vocaux féminins. L'embouchure d'Apsû nous mène ensuite sur le cours d'une rivière souterraine énigmatique, dont le son de l'écoulement des eaux s'illustre d'étranges formules incantatoires proférées en une langue inconnue... pour finalement parvenir au but de ce voyage cauchemardesque, en un lieu maudit situé à des centaines de pieds sous la surface de la terre. C'est ici que se tient enfin, toujours ponctué de mystérieuses incantations, l'affreux rituel ayant pour but de réveiller l'indicible abomination qui s'y terre depuis les siècles des siècles...
Outre l'indéniable réussite que constitue l'ensemble de cette expérimentation sonore conceptuelle, on retiendra tout particulièrement le fait que MOLOCH CONSPIRACY, projet d'une seule personne, a ici pris le risque d'innover en intégrant à son style "Drone"/Dark Ambient plusieurs apports inattendus qui viennent avec brio enrichir et rendre encore plus évocatrices les atmosphères créées. On y relèvera tout particulièrement l'insertion d'enregistrements acoustiques, d'instruments tels que le piano, le violoncelle et la gusle (sorte de mandoline à archet, typique de la région des Balkans et des alpes dinariques), mais aussi la présence de vocaux féminins sur deux plages ("Apsû" et "Epilogue"), d'une voix masculine psalmodiant à voix basse, ou bien encore de divers sons aux tonalités caverneuses et résonnantes, enregistrés pour leur part dans des forts de la Première Guerre mondiale.
Il ressort donc de tout ceci un périple auditif mystique aux ambiances particulièrement intenses et oppressantes, et dont la thématique chtonienne accentue de manière efficace la sensation d'étrangeté sourdement menaçante et angoissante qu'il inspire, en allant crescendo au fil des pistes. Le sentiment d'allègement relatif induit par l'épilogue n'est qu'illusoire, puisque ce retour vers la lumière semble illustrer la libération d'une force mauvaise, appelée à recouvrir de nouveau notre pauvre monde de son ombre lugubre... Il est toutefois difficile de ne pas rapprocher la symbolique de ce voyage souterrain, avec son évident caractère initiatique, de la fameuse formule V.I.T.R.I.O.L. de la tradition alchimique : Visita interiorem terrae rectificando invenies operae lapidem ("explore l'intérieur de la terre. En rectifiant, tu découvriras la pierre cachée."). Analogie purement fortuite, ou pas ? Libre à chacun d'interpréter la chose comme de la manière qui lui semblera la plus appropriée.
Très sombre et quasi hypnotique, à écouter en solitaire et de préférence les yeux fermés, pour une meilleure expérience psychique, méditative et virtuellement contemplative.
premier disque concret, le label italien Eighth Tower Records offre à MOLOCH CONSPIRACY l'opportunité de sortir du stade larvaire dans lequel le tout numérique le confinait jusqu'alors. On est donc ici passé relativement vite à la vitesse supérieure, ce qui n'est du reste pas si surprenant, compte tenu du caractère plutôt prometteur des enregistrements précédents.
Dans la continuité directe de ces derniers, le concept de l'ensemble de la création repose sur les arcanes mystiques du Moyen-Orient ancien, plus spécifiquement de la Mésopotamie, et aux aspects les plus sombres des cultes étranges rendus à de terribles divinités des profondeurs issues de la mythologie sumérienne, akkadienne puis assyro-babylonienne. Et si quelques-unes de ces divinités, surtout liées à l'ombre, à la nuit, à la mort et au chaos primordial, furent ensuite plus ou moins recyclées à travers le prisme déformant de la démonologie biblique, ce ne fut sans doute pas uniquement dans le but de dénigrer et de diaboliser l'antique religion, mais peut-être aussi parce que certaines de leurs caractéristiques et de leurs attributions étaient bel et bien de nature à susciter l'effroi...
Ainsi que le suggère son titre, c'est donc à un ténébreux périple initiatique au plus profond des entrailles de la Terre que nous convie cette nouvelle expérimentation sonore, dont les sept longues plages instrumentales de noirceur éthérée constituent autant d'étapes jalonnant la descente au coeur des abysses infernaux. Aussi, la première nous conduit-elle de prime abord à l'entrée de la caverne, trou béant où vient mourir la lumière extérieure, et où la résonance des pas du visiteur contre les parois suintantes, s'ajoutant au bruit de gouttes d'eau chutant sporadiquement de la voute de roche brute sur fond de bourdonnement diffus et d'inquiétants choeurs monocordes aux modulations fluctuantes, nous plonge instantanément dans l'ambiance angoissante et quasi-sépulcrale de ce monde souterrain. Celui-ci s'oppose de manière brutale et sans transition à celui de la surface, du jour et de la vie. Car c'est ici que commence l'empire de la mort, des forces de l'obscurité et du mystérieux inconnu, cet empire au coeur duquel seuls de rares initiés, de fort téméraires aventuriers ou des fous peuvent oser s'aventurer.
A mesure que se poursuit la descente, l'appréhension se mue en anxiété, l'anxiété en angoisse et l'angoisse en terreur fantasmatique, la tension claustrophobique se faisant de plus en plus oppressante en apercevant subrepticement les formes étranges et menaçantes des pierres se profilant ça et là, émergeant fugitivement de la pénombre ambiante à la lueur vacillante des torches. Tout, dans cet univers minéral plongé dans une nuit éternelle, retransmet les lancinantes vibrations émises par d'immenses et mystérieuses forces telluriques cachées en son sein. C'est alors, en atteignant une nappe d'eau sur fond permanent de sonorités distordues agrémentées ça et là de quelques singulières notes d'instruments à cordes, que se produit la rencontre d'une créature monstrueusement contrefaite : Kulullû, l'homme-poisson, l'un des onze monstres créés par la déesse primordiale Tiamat dans le cadre d'un combat cosmique entre anciens et "nouveaux" dieux.
Mais celui-ci n"est que le gardien d'un domaine beaucoup plus vaste, puisque la nappe d'eau en question s'avère n'être autre que l'orée d' d'Apsû (ou Absû), le vaste océan intérieur d'essence divine qui hante les récits mythologiques suméro-babyloniens. La traversée d'Apsû (en marchant le long de ses rives ou à bord d'une embarcation ?) se fait dans les limbes d'une atmosphère irréelle, cotonneuse et onirique, bercée par la mélopée vaporeuse et lancinante de singuliers vocaux féminins. L'embouchure d'Apsû nous mène ensuite sur le cours d'une rivière souterraine énigmatique, dont le son de l'écoulement des eaux s'illustre d'étranges formules incantatoires proférées en une langue inconnue... pour finalement parvenir au but de ce voyage cauchemardesque, en un lieu maudit situé à des centaines de pieds sous la surface de la terre. C'est ici que se tient enfin, toujours ponctué de mystérieuses incantations, l'affreux rituel ayant pour but de réveiller l'indicible abomination qui s'y terre depuis les siècles des siècles...
Outre l'indéniable réussite que constitue l'ensemble de cette expérimentation sonore conceptuelle, on retiendra tout particulièrement le fait que MOLOCH CONSPIRACY, projet d'une seule personne, a ici pris le risque d'innover en intégrant à son style "Drone"/Dark Ambient plusieurs apports inattendus qui viennent avec brio enrichir et rendre encore plus évocatrices les atmosphères créées. On y relèvera tout particulièrement l'insertion d'enregistrements acoustiques, d'instruments tels que le piano, le violoncelle et la gusle (sorte de mandoline à archet, typique de la région des Balkans et des alpes dinariques), mais aussi la présence de vocaux féminins sur deux plages ("Apsû" et "Epilogue"), d'une voix masculine psalmodiant à voix basse, ou bien encore de divers sons aux tonalités caverneuses et résonnantes, enregistrés pour leur part dans des forts de la Première Guerre mondiale.
Il ressort donc de tout ceci un périple auditif mystique aux ambiances particulièrement intenses et oppressantes, et dont la thématique chtonienne accentue de manière efficace la sensation d'étrangeté sourdement menaçante et angoissante qu'il inspire, en allant crescendo au fil des pistes. Le sentiment d'allègement relatif induit par l'épilogue n'est qu'illusoire, puisque ce retour vers la lumière semble illustrer la libération d'une force mauvaise, appelée à recouvrir de nouveau notre pauvre monde de son ombre lugubre... Il est toutefois difficile de ne pas rapprocher la symbolique de ce voyage souterrain, avec son évident caractère initiatique, de la fameuse formule V.I.T.R.I.O.L. de la tradition alchimique : Visita interiorem terrae rectificando invenies operae lapidem ("explore l'intérieur de la terre. En rectifiant, tu découvriras la pierre cachée."). Analogie purement fortuite, ou pas ? Libre à chacun d'interpréter la chose comme de la manière qui lui semblera la plus appropriée.
Très sombre et quasi hypnotique, à écouter en solitaire et de préférence les yeux fermés, pour une meilleure expérience psychique, méditative et virtuellement contemplative.
Hans Cany
Note : 6/10
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TRACKLIST
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TRACKLIST
1. At the Entrance to the Cave 00:00
2. Fear of Stones 07:03
3. Kulullû 13:09
4. Apsû 19:57
5. The Subterranean River 28:21
6. The Awful Ritual 35:36
7. Epilogue 42:01
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Page Facebook officielle
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Bandcamp (Eighth Tower Rds)
https://eighthtowerrecords.bandcamp.com/album/the-cave-of-metaphysical-darkness-lights
Soundcloud
https://soundcloud.com/molochconspiracy
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